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Plus de 1.500 contributions ont été mises en ligne sur un site dédié, www.grand-debat.archi, dont une synthèse sera remise le 28 mars au ministre de la Culture Franck Riester et au président Emmanuel Macron.
"Convaincu que la colère sociale exprimée par les gilets jaunes est liée à une crise de nos manières d'habiter et d'aménager nos villes et nos territoires", un rapport d'étape livre déjà les grands axes des propositions des architectes.
La transition écologique y apparaît omniprésente, tout comme la demande de "densification des zones pavillonnaires" et de proximité des transports et services.
"Réparer les centres villes et requalifier les zones périphériques" sont deux marqueurs. Des appels sont lancés à "sauvegarder la biodiversité et les terres naturelles", à introduire "des taxes sur les matériaux polluants".
Dans un entretien à l'AFP, Denis Dessus souligne qu'il faut "se consacrer à la rénovation du bâti existant qui correspond à 99% du parc".
"Un bâtiment dure plusieurs générations, est habité pendant des centaines de milliers d'heures, modifie l'environnement pour des décennies", argumente-t-il, et donc "concevoir l'urbanisme et l'architecture ne doit pas être soumis aux seuls appétits financiers spéculatifs".
Les contributions proposent précisément de "rénover massivement les logements, garantir l'efficacité des rénovations par la réalisation d'un diagnostic global réalisé par un architecte, intégrant les exigences de santé".
Un processus impliquant aussi le propriétaire: "subventions ou bonus à la performance des rénovations, accès aux emprunts, conseils gratuits".
La "meilleure architecture", plaide le président du Conseil national, "intègre des notions d'écologie, de biodiversité, de santé, de valorisation du patrimoine, la culture d'un lieu et de ses habitants", "l'objectif n'étant pas de construire vite".
L'architecte est là pour "innover", souligne le cahier de propositions. Il suggère ainsi "la présence d'un architecte-conseil ou +architecte de garde+ dans chaque commune ou groupement de communes".
Pour M. Dessus, la loi ELAN, adoptée fin 2018, "revient 50 ans en arrière en ne fixant aucun objectif environnemental, écologique, sociologique et architectural aux modes de production de logements".
Elle "a supprimé le recours obligatoire au concours d'architecture pour les grandes opérations publiques de logement. Elle a modifié les règles de la commande publique en permettant aux grands groupes du BTP de faire main basse sur les marchés des constructions publiques, au détriment des artisans et PME".
M. Dessus déplore la baisse des APL, la remise en cause erratique du financement du logement". Tout cela a "comme conséquence un frein immédiat des permis de construire et des mises en chantier". "C'est une des raisons majeures du ralentissement de la croissance économique: 100.000 logements en moins, c'est dix milliards d'activité en moins, 300.000 emplois perdus et un ralentissement dans de multiples filières industrielles".
"Avoir 5.000.000 de Français mal logés est inacceptable. Il faut une politique gouvernementale lisible, mettre en place des mesures, notamment fiscales, simples et pérennes et ne plus être ballotté au gré des lois des finances".
Un frein considérable est dû au fait que "chaque fois qu'un architecte conçoit un bâtiment, il doit respecter 8 ou 9000 normes et règlements", déplore Denis Dessus.
Ces normes sont de deux types, analyse-t-il: "celles, marginales et éradiquables, qui sont le résultat de l'action de lobbies" et "celles qui ont pour objectif d'améliorer la construction, d'en augmenter les performances thermiques, acoustiques, sanitaires et la sécuriser".
Dans leurs propositions, les architectes prônent l'application de ces dernières normes: ils préconisent d'"encourager l'économie circulaire dans le bâtiment et l'emploi de matériaux sains et bio-sourcés" et d'"assurer l'adaptabilité, l'accessibilité et la mixité de l'habitat".
Ils recommandent aussi de "financer la transition écologique par des aides pérennes et lisibles".